Pour Poutine, nous le soupçonnons :
Pour Al Baghdadi, nous le savons :
La cohabitation de peuples qui se croient et se veulent différents, quitte à s'inventer des origines raciales, religieuses, culturelles différentes, par exemple au Ruanda avec la séparation des ruandais entre tustsis et hutus, héritage colonial d'un temps où l' Europe était passionnée de differentialisme racial, cette cohabitation à l'intérieur d'un même état se révèle difficile sinon impossible.
Parfaitement impossible dans une situation d'état colonial.
Extrèmement difficile dans un état fédéral où le fédéralisme ne sert qu'à camoufler la domination d'un peuple sur un autre ou d'autres peuples. les exemples du démantèlement de l'URSS, de laTchécoslovaquie, de la Yougoslavie hier, et demain, de la Belgique,
A la rigueur cette cohabitation sera possible dans un état confédéral, même si celui-ci est devenu en fait une fédération, cas de la Suisse. La distinction entre état fédéral et état confédéral repose sur ce fait qu'à l'intérieur d'une confédération, chaque état membre conserve son statut d'état du point de vue international tandis que dans une fédération seul l'état fédéral dispose de ce statut.
Donc si une Europe existe un jour en tant qu'état ce ne pourra être que comme état confédéral à l' exemple de la Suisse : n'est-ce pas déjà ce que se veut l' Europe, une grande Suisse sans armée capable de la défendre, puisqu' elle suppose que, puisqu' elle ne veut pas avoir d' ennemis, elle n' en a pas. A commencer par Poutine qui ne lui veut que du bien... sans compter Daesh et son chef.
Même aux Etats-unis, il y a une tension constante entre état fédéral et état membre : on pourrait considéré aujourd'hui que le tea party représente cette volonté du moins d'état fédéral possible et du plus de liberté possible pour les états membres.
Cette longue introduction pour vous présenter un haïkufable qui illustre cette impossible cohabitation de peuples différents à l'intérieur d'un même état surtout de type colonial. Toutes ressemblances avec la situation internationale présente en n'importe quelle partie du globe est évidemment non fortuite !
La guerre entre les Yankrs et les Karbs
Les plus anciennes chroniques de l'empire des Sombres évoquent une guerre
Qui aurait opposée à l'âge des ténèbres c'est-à-dire avant la fondation de l'empire
Les citoyens normaux qu'elles appellent Yankrs Aux difformes qu'elles appellent Karbs
A la suite de laquelle ceux-ci auraient obtenu le droit de se regrouper en une caste celle des hors-normes
La contrée où cette guerre avait eu lieu se serait nommée la Karbalnibardie
Les chroniques restent évasives sur son emplacement et son époque
Peut-être était-ce aux confins des royaumes immédiatement issus
De la destruction de la civilisation des machines arborescentes
Aucune date précise ne peut-être avancée tout ce que l'on peut dire est qu'un un jour funeste
Il y a longtemps Yankrs et Karbs auraient pris la décision de s'entre-tuer
Pire de se massacrer de s’éventrer de s’égorger de se torturer de se démembrer
de la manière la plus féroce qui puisse être imaginée
Les Yankrs avaient arrêté de tuer de massacrer d'égorger de dépecer les Karbs
Disent ces très anciennes et lacunaires chroniques sans préciser pourquoi,
En forme de rhomboèdres de cubes de cônes de sphères de pyramides de prismes
De cylindres de tétraèdres de parallélépipèdes empaquetés numérotés classés rangés
Les cônes avec les cônes les sphères avec les sphères les têtes avec les têtes
Les rhomboèdres avec les rhomboèdres les troncs avec les troncs
Les cylindres avec les cylindres les thorax avec les thorax les bassins avec
Ainsi de suite tous bien numérotés classés rangés dans des caisses
Enterrées en secret la nuit
Les Charbs disparaissaient dans les ténèbres sombres et silencieuses
Emportés tous hommes femmes enfants vieillards
Vers des destinations inconnues
De leur côté les Karbs tuaient massacraient émasculaient égorgeaient coupaient tranchaient
Les Yankrs,en morceaux aussi mais pas en rhomboèdres pas en tétraèdres pas en cubes
Pas en cônes ni en sphères ni en parallélépipèdes,
En bouts en bribes en débris en lambeaux en tessons en quignons en miettes
Pas empaquetés pas classés
Ils les laissaient là ici au bord des chemins
Dans le jour qui se levait
Sous le soleil au vu de tous
Item les Yankrs aussi tuaient massacraient faisaient exploser
Des Yankrs en mille morceaux
Qui s’éparpillaient déchiquetés,ensanglantés
Dans une pluie de lumière,de chaleur de poussière,de sang
Dans le bourdonnement des mouches
Au prétexte qu'ils refusaient cette guerre
Qu'ils jugeaient injuste
Les revendications des difformes leur paraissant justifiées
Item les Karbs tuaient massacraient égorgeaient émasculaient vidaient de leur sang des Karbs
leur coupaient la langue que des chiens errants en troupe hurlante aboyante dévoraient
Au prétexte qu'ils désiraient pactiser avec les Yankrs
Toute la Karbalnibardie sombrait dans la barbarie la sauvagerie
Item les plantes devenaient carnivores très belles très éclatantes avec leurs pétales rouges jaunes
Elles dévoraient des morceaux des débris de viande
Des tronçons de Yankrs ou de Karbs noirs de mouches
Qui à chaque génération étaient plus grosses plus acharnées plus vrombissantes
Devenue ainsi un pays de cauchemar la Karbalnibardie mais étrangement beau vaste
Avec ses vallées qui vociféraient ses montagnes qui grondaient
Ses plateaux qui sifflaient ses Karbs et ses Yankrs qui pleuraient
Seul le Spharague recouvert du sable venu de la mer des cendres
A l'époque bien plus étendue qu'aujourd'hui
Échappait au désastre parce que vide de Yankrs
Et occupé seulement de quelques familles de difformes éparpillés dans son immensité
Libres insaisissables préservés du travail de destruction de dévastation de clochardisation
Entrepris par les Yankrs depuis plusieurs siècles contre eux
Après la destruction de l'ancienne civilisation des machines arborescentes
La contrée sombrait dans le malheur se vidait de sa vie
Ses plateaux grondaient ses vallées vociféraient
Item ses pierres ses figuiers ses oliviers ses caroubiers geignaient affirment les chroniques
Comme si un ogre les dévorait
Comme si une plante les enveloppait dans le voile noir de son parfum pour les étouffer
C’était cela cette guerre la vie qui se vide de la vie
Pour tuer tous les Karbs les découper les empaqueter
les faire disparaître dans les nuits étoilées de ce pays ni vu ni connu
D’autres Yankrs étaient venus d’au-delà de la mer des cendres
Avec des machines compliquées de l'ancien temps aux roues énormes avec des chenilles
Qui émettaient le fracas des forges du géant Murlor dans son château de fer
Hérissées d’armes automatiques de canons téléguidés
De mitrailleuses électroniques avec des avions étincelants qui lâchaient
Des bombes intelligentes qui explosaient sur les villages Karbs
Les pulvérisaient ne laissant qu’un nuage de poussière de Karbs
Avec des hélicoptères gracieux idem hérissés de mitrailleuses à infra-rouge à ultra-violet
Qui découpaient en pointillé tous les villages Karbs Les hommes les femmes les enfants
Qui ainsi se vidaient de leur vie par ces décousures
C’était cela cette guerre une immense décousure
Le grondement ininterrompu d’un géant en furie dans la forge de son château de fer
Les Yankrs contrôlaient la surface de la Karbalnibardie
Le ciel de ce pays qui se vidait de sa vie
Les Karbs possédaient d’autres armes moins perfectionnées mais non moins tueuses
Si pas autant en une seule fois que celles des Yankrs
Ils s’enterraient creusaient des galeries des villes sous la terre
Des villes sous les villes des Yankrs
Ils étaient devenus un peuple souterrain troglodyte
Habitant des grottes des galeries des mines désaffectées
Ils traversaient à pied par ces galeries tout le pays pour surgir là ici
Au bout au bord du monde
Et tuer les Yankrs tout surpris
Ils tendaient aux Yankrs des pièges piégeant tout le pays
Chaque recoin chaque pierre chaque touffe d’herbe
Les Yankrs ne pouvaient plus marcher sur ce pays
Se déplacer sous peine de n’être plus que tronçons
Quand ils passaient outre ils explosaient en feu d’artifice de membres de tronçons de quignons
C’était cela cette guerre
Des êtres transformés en un ensemencement de membres ensanglantés
Les Yankrs se réfugiaient dans les airs pour mener la guerre
Depuis d'immenses plates-formes qui flottaient au-dessus de ce sol piégé
Ces plates-formes manœuvraient se déplaçaient lentement
Elles recouvraient de leur ombre les régions les montagnes les plateaux les vallées
Laissaient couler des rivières de plomb en fusion qui brûlaient tout calcinaient tout
C’était cela cette guerre
Des flots de beurre fondu où grésillaient des morceaux de corps
Comme dans la cuisine infernale du château d’Ergromtre le rouge
Les Yankrs avaient capturé toutes les femmes les enfants les vieillards difformes
Les hommes ayant disparu sous terre
Et les avaient placés sur des radeaux suspendus dans l’espace amarrés au sol par des filins
Entourés de barbelés électrifiés munis de miradors pour les surveiller
Les empêcher de voir leur mari leur père leur enfant les empêcher de les ravitailler
Pour interdire aux hommes Karbs de venir se reposer se réchauffer se soigner
Les Yankrs avaient ainsi contraints les Karbs
Les familles Karbes à quitter leur village pour les parquer dans ces camps flottants
Semblables sans doute à ceux où avait été placés empaquetés numérotés autrefois
Dans l'ancienne civilisation des machines arborescentes tout un peuple mystérieux
Dont on disait qu'il avait survécu et qu'il survivait dans l'empire aujourd'hui
Qu'évoquent certaines autres chroniques qu'il est interdit de consulter
Les normaux continuant leur œuvre de mépris des difformes
Qu'ils avaient expulsé en bordure de la contrée pour ne plus les voir
Pour aimer seuls cette contrée la Karbalnibardie eux seuls la bâtissant soi-disant
les Karbs se contentant soi-disant de les regarder de creuser
De déplacer les décombres les gravats de transporter les cailloux
Les routes les villes construites par les Yankrs seuls soi-disant
les Karbs se contentant silencieux en haillons muets de transporter
De déplacer les pierres le sable le ciment sur leur dos
Les Yankrs cultivant seuls ce pays soi-disant plantant leurs plantes l’enrichissant
les Karbs se contentant de creuser le sol pour manger quelques racines quelques céréales
Ne sachant pas cultiver soi-disant repoussés sur les bords incultes de ce pays
Sur les marges délabrées des villes aux extrémités des champs au bout
S’entassant là ici en haillons tout poussiéreux silencieux et donc finissant par se révolter
Selon les chroniques cette guerre emportait tout
Elle charriait des débris de vie des morceaux de souvenirs des visages blêmes des enfants perdus
Des photos de famille des lettres délavées une boue de secrets révélés
C’était cela cette guerre
Des mots des pleurs qui s’éteignent dans la brume et qui emportent votre vie
Mais à la fin la déraison du plus fort ne l’emportait pas
Les Karbs gagnaient cette guerre
Des Karbs contre les Yankrs
Des Yankrs contre les Karbs
Des Karbs contre les Karbs
Des Yankrs contre les Yankrs
Fous de joie dans les cris les pleurs d’allégresse
Les youyous de leurs femmes voilées tatouées
Les difformes descendirent des extrémités des bouts des bords des marges
Remontèrent de l’envers pour occuper le centre l’endroit de ce pays-ci
En chantant en criant en riant en haillons en pantalons retenus par des ficelles
Ils n’étaient plus muets plus silencieux plus courbés plus discrets plus transparents
Ils étaient tout d’un bloc entiers opaques dressés droits ici là
Au centre au milieu à l’endroit les vrais Karbs de vie de chair de joie
Point tous massacrés les Yankrs n’ayant pas réussi voulu ne pouvant pas tous les massacrer
Les Yankrs aimant les hommes en fin de compte du moins une majorité d'entre eux
Et en fin de compte au bout sachant même disent les chroniques le sorcier victimeur Proronski
Que les difformes étaient des hommes et les traitant comme tels ne les tuant pas tous
Les Karbs donc tout joyeux heureux ivres de joie de cris de fatigue de lumière de poussière
De paix revenue descendus des bouts des extrémités
Remontés de l’envers pour occuper l’endroit de leur pays et
les Yankrs alors les Yankrs désespérés pleurant
Quittant le centre le milieu l'endroit de ce pays-ci de leur pays aussi
En pleurs en larmes ivres de fatigue de lumière de cris silencieux muets courbés
En longues colonnes de plusieurs milliers de lieues
De femmes en pleurs d’enfants en pleurs d’hommes en pleurs
Emportant avec eux une armoire un coffre un figuier un morceau de leur champ de leur maison
La fenêtre par où pendant des années ils avaient vu leurs enfants revenir de l’école
la porte d’où avait surgi il y a longtemps leur mari qui rentrait d'une autre guerre
Un morceau de mur blanc de toit noir
Sous lequel ils avaient fêté leur vingt trente quarante cinquante années de mariage
Une pile de carreaux de la chambre où était né leur enfant le coffre de la tante Encérabe
L’armoire du grand-père arrivé dans cette contrée pour faire repartir la civilisation
Qu’il avait construite lui-même avec des arbres qu’il avait lui-même abattus
les Karbs se contentant de le regarder et de les transporter jusqu’à l’atelier de menuiserie
Ce pays la Karbalnibardie qu’ils étaient obligés de quitter à cause de leur chagrin
A cause d’eux-mêmes de leur injustice
Emportant un fourre-tout de rires de pleurs de sentiments
De souvenirs précieusement conservés jusque là emportant une marmite
Une cruche remplie de la terre qu’ils foulaient tous les jours
Des photos très photographiques des trois ou quatre générations de leur famille
Qui avait vécu ici là dans ce pays d’où ils partaient sans espoir de retour
Des colonnes et des colonnes de Yankrs qui transportaient leur vie leur mémoire
Leurs morts leur maison leur terre une route un quartier des arbres des pierres des ombres
De la chaleur de la lumière des ruines des odeurs épicées tout pêle-mêle
Entassés dans des glisseurs surchargés arches de Noé qui ployaient
Sous l’entassement de ces portes ces fenêtres ces cheminées ces malles ces valises
Toutes ces colonnes files de Yankrs passant au milieu des cimetières
Qui accomplissaient un long détour pour passer au milieu des tombes
Où leurs parents leurs fils leurs amis leurs morts étaient ensevelis
Pour leur dire un dernier au revoir un ultime adieu
Tous hommes femmes enfants vieillards s’arrêtant devant ces tombes un moment
Prenant un morceau de tombe le fourrant dans leurs bagages
Alourdissant à la limite du supportable leur cœur
Avant de se rendre dans les gares pour embarquer quitter définitivement ce pays
Tout un peuple partant pour l’exil
Et s’efforçant d’emmener un peu de son pays de son identité de sa mémoire
Tout cela très triste mais qui n’était que justice comme écrit dans ces anciennes chroniques
Pour les peuples, nous le savons que trop :